http://imageson.hypotheses.org/1860
Une observation suivie des programmes télévisuels comme de ceux du grand écran semble montrer une inflation de la présence des témoins à l’écran. Il serait pourtant vain de se laisser abuser par une impression liée au temps immédiat puisque depuis ses débuts, la télévision a fréquemment fait appel à des témoins ordinaires ou connus. Certes la parole des témoins a été longuement considérée dans ses seuls aspects mémoriels et dans les oppositions entre histoire et mémoire. En revanche, le témoin comme « acteur mis en scène » dans les productions audiovisuelles n’a qu’assez rarement été questionné pour son rôle dans la construction du récit historique et dans les représentations du passé. La question de son statut est dès lors posée en raison de sa double posture : acteur et auteur direct des événements ou seulement témoin qui en a reçu la mémoire par transmission. Cela étant, par le fait même d’apparaître à l’écran, il endosse le statut d’acteur, à la fois protagoniste, héros et interprète de la pièce. Le fait même d’intervenir dans cette composition le configure dans un rôle au périmètre variable et varié, en fonction du réalisateur comme de lui-même.
A quel moment est-on dans le récit de l’histoire, dans le récit sur l’histoire, dans la composition, dans la reproduction ou dans le récit direct ? Quel statut nouveau, si tel est le cas, l’écriture filmique donne-t-elle au témoin ? Le fait même de passer à l’écran donne au témoin une visibilité sans commune mesure avec ce qui se passe lors des entretiens classiques réalisés pour les besoins d’une recherche… sans négliger la notoriété qui peut en découler. Il sera alors important de mesurer l’évolution du statut, de la fonction, de l’utilisation du « témoin à l’écran » et de toutes les catégories de témoins, depuis que la télévision en a fait des acteurs comme les autres.
Ces deux journées s’inscrivent dans une partenariat suivi de recherche entre Telemme et le LARHRA autour des questions de mémoire, de témoins et du rôle des images et de la télévision dans l’écriture du passé. Elles prolongent les journées qui se sont tenues à Aix en novembre 2012 et décembre 2013 dans le cadre de l’ANR-ECRIN ainsi que la journée à Salvador (Brésil) en juin 2013.
Journées d’études du Pôle Images sons mémoires LARHRA et en partenariat avec l’UMR 7303 TELEMME et le Pôle Images, son, pratique du numérique en SHS de la MMSH
Lundi 14 avril
9 h Accueil
9h 15 – 9h 45 Introduction
Anne Marie Granet-Abisset, LARHRA, CNRS-Université de Grenoble et Maryline Crivello, Telemme. CNRS-Aix Marseille Université
9h 45 – 12 h 00 : Devenir Témoin – Raconter l’histoire en se racontant devant les caméras
Marie Claire Lavabre, ISP, CNRS-Université Paris Ouest Nanterre, discutante
Pierre Laborie, EHESS, Université de Toulouse, L’historien et la tentation du témoin. Écrans, récit et sens
Jean Noel Pelen, Telemme, CNRS-Aix-Marseille Université, Ethnographe, témoin et récit ethnographique : au jeu des miroirs
14 h – 18 h : Du témoin réel au témoin fictionnel
Benoît Lafon, GRESEC, Université de Grenoble, discutant
Anne Dalmasso, LARHRA, CNRS-Université de Grenoble et Michel Szempruch, Association Repérages, A propos d’une collecte sur Crises et récits de la crise
Piero Galloro, Laboratoire 2L2S-Université de Metz, Entre documentaire et fiction : les Italiens en Lorraine
Maryline Crivello, Telemme, CNRS-Aix Marseille Université et Jacques Sapiega, SATIS, Aix Marseille Université, « Je me souviens … de la Méditerranée » Etre acteur de sa mémoire
17h – 18 h 30 Présentation et visionnage du film réalisé par Jérôme Prieur
Hélène Berr, une jeune fille dans Paris occupé, réalisation Jérôme Prieur, produit par Mélisande Films
Evelyne Cohen, LARHRA, CNRS, Ecole nationale supérieure des Sciences de l’information et des bibliothèques (ENSSIB)
Mardi 15 avril, Le témoin acteur des médias- auteur par les médias
9 h – 12h 30
Laurent Baridon, LARHRA, CNRS, Université Lyon 2 discutant
Marc Rougerie, documentariste, chargé de collecte et de valorisation à la Cinémathèque des pays de Savoie et de l’Ain, A propos du film « La route des prés », sur les traces d’une femme cinéaste amateur
Anne-Marie Granet-Abisset, LARHRA, CNRS, Université de Grenoble, Du « faux » témoin au « pseudo » récit de vie : micro-trottoirs et émissions de confession à la télévision
Véronique Lebrier, Telemme, CNRS-Aix Marseille Université, La place du témoin dans la mise en scène de la mémoire. Les pieds-noirs, histoire d’une blessure (Gilles Perez, 2006)
Le journaliste et le témoin : retour sur une pratique (sous réserves)
14 h – 17h 00
Evelyne Cohen, LARHRA, CNRS, ENSSIB discutante
Yvan Gastaud, URMIS CNRS, Université de Nice, Le témoin stéréotypé. « Découvrir et comprendre : quand la télévision donne la parole aux immigrés (1962-1973)
Sophie Gebeil, Telemme, CNRS-Aix Marseille Université, La surexposition : le témoin sur le WEB
Jérôme Prieur, réalisateur du documentaire sur Hélène Berr, Hélène Berr ou la présence du témoin absent
Conclusion